Cette semaine marque l’ouverture de la Fashion Week à Paris, une période où la mode devient incontournable, particulièrement dans les milieux aisés parisiens. Mais qu’en est-il pour ceux issus de quartiers plus modestes ? Si les grands noms dominent les défilés, il est temps de braquer les projecteurs sur de nouveaux talents français.
Sundjiata : Un regard neuf sur l’habit traditionnel
Mitia a grandi à Belleville, un quartier multiculturel de l’est parisien. Issu d’une famille mêlant influences françaises, maliennes et marocaines, il s’imprègne dès son enfance des multiples cultures de son environnement. Après plusieurs séjours en Afrique de l’Ouest, Mitia adopte des éléments de la culture ouest-africaine. Pendant ses études de mode, il passe un stage dans une maison de couture sénégalaise où il découvre l’art du tissu. Inspiré par cette expérience, il fonde sa marque Sundjata, privilégiant le coton teint à l’indigo du Mali plutôt que le Wax, un tissu historiquement fabriqué aux Pays-Bas, contrairement aux croyances populaires.
Des racines africaines à la scène parisienne
Mitia choisit le nom Sundjiata, en hommage à Soundiata Keïta, figure emblématique du Mali. Il allie dans ses créations le streetwear parisien aux tissus indigo traditionnels, modernisant ainsi des vêtements habituellement réservés à des événements spéciaux. Chez Sundjata, les tissus sont conçus au Mali et les vêtements confectionnés à la main au Sénégal. La première collection de Sundjata est disponible depuis avril 2024.
Seworigin : L’aventure d’Hajar
Hajar, originaire de Lille, découvre la couture en 2013 grâce à une couturière locale qui lui apprend à travailler sur des tissus tels que le bogolan, le kente et le wax. Pendant la période du confinement, elle décide de s’y consacrer pleinement, investit dans une machine à coudre, et se lance. Quelques mois plus tard, elle fonde officiellement sa marque Seworigin, une fusion des mots « couture » et « origine ».
La fusion des styles chez Seworigin
S’inspirant de la mode urbaine et des traditions nord-africaines, Hajar maîtrise parfaitement l’art de combiner différents tissus dans une seule pièce, redéfinissant des classiques comme la Djellaba qu’elle réinvente sous forme de sweat à capuche. Outre l’esthétique, Seworigin s’impose comme une marque inclusive et éthique.
Le Madras réinventé : Flech Kann à l’honneur.
Emmanuelle, fondatrice de la marque, tire ses racines de la Martinique. Son travail s’articule autour du Madras, un tissu venu d’Inde au 19ème siècle, qui a marqué la culture créole. Traditionnellement réservé aux événements solennels, Emmanuelle bouscule les codes en le rendant portable au quotidien comme pour les grandes occasions.
Style et adaptabilité :
La force de Flech Kann réside dans sa diversité, autant dans l’inspiration que dans les créations : des robes amples, des tenues estivales, et même des cravates adaptées aussi bien aux hivers français qu’aux chaleurs tropicales. Flech Kann mélange la modernité et la tradition avec des créations pour toutes les occasions.
BAARA : Un hymne au travail acharné
Derrière la marque BAARA, signifiant « travail » en bambara, se cache Abdoul Karim Dabo. Ce jeune créateur d’origine ivoirienne entre dans l’univers de la mode avec un seul credo : le travail acharné. BAARA représente l’essence du streetwear tout en mettant en avant ses racines culturelles avec chaque collection.
Collaborations de premier plan :
La détermination de Karim l’a mené à collaborer avec Nike sur une collection de maillots présentée par Rim’K. Il a aussi travaillé sur des patchs. Grâce à des projets percutants, BAARA a su s’imposer dans le paysage urbain parisien, étendant récemment son influence à Londres en collaborant avec la marque anglaise TRENDSBYAFEEZ.